Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proposé dimanche des réformes d'envergure, dont la suppression du poste de vice-président détenu par son prédécesseur et rival Nouri al-Maliki, après des semaines de manifestations contre la corruption et le délabrement des services publics. Ces changements nécessitent l'approbation du cabinet et du Parlement ainsi qu'un amendement de la Constitution, ce qui augure d'une bataille politique et écarte une mise en application rapide des réformes. L'annonce intervient deux jours après un appel vendredi de la plus haute autorité chiite d'Irak, l'ayatollah Ali al-Sistani, à M. Abadi à "être plus courageux et plus audacieux" dans la lutte contre la corruption et à dénoncer publiquement les hommes politiques qui se mettent en travers des réformes. Parmi les mesures proposées, la plus drastique est l'appel à la suppression "immédiate" des postes des trois vice-Premier ministres et trois vice-présidents - parmi lesquels Nouri al-Maliki. Une telle suppression serait un coup dur pour Maliki, et ouvrirait la voie à un conflit entre les deux hommes, membres du même parti chiite -Dawa- au sein duquel l'ex-Premier ministre a encore beaucoup d'influence. Dans son communiqué mis en ligne, Haider al-Abadi a aussi appelé à une révision de la façon dont les responsables sont nommés dans un pays où les communautés jouent un rôle majeur dans le partage des responsabilités. "Les quotas de partis et de confessions" doivent être supprimés, a-t-il dit, proposant à la place que les candidats aux postes à haute responsabilité soient sélectionnés selon "leurs compétences, leur honnêteté et leur expérience", par un comité désigné par le Premier ministre. En Irak, où la communauté chiite est majoritaire, le chef de l'Etat est un Kurde, le Premier ministre est un chiite et le chef du Parlement un sunnite. A suivre